Avant la question ne se posait pas. Le travail se situait uniquement dans un paradigme lié à l’effort et au mérite. Le plaisir n’y avait pas de place ou si peu avec, éventuellement, le plaisir du travail bien fait. Et encore, cela nécessitait un travail de formalisation et de prise de recul vis à vis de son activité pour parvenir à ce type de conclusion.
Aujourd’hui, ce paradigme évolue, du moins dans une certaine partie de la population. Coté cols bleus, le plaisir au travail n’est pas vraiment présent. Le plaisir, c’est en dehors du travail. Eventuellement, certains le citent, dans les relations avec leurs collègues. Mais, pour la plupart, le travail reste un moyen de financer le plaisir. L’on observe souvent d’ailleurs une incompréhension mutuelle lorsque leurs encadrants tentent de recourir à la notion de plaisir comme élément de motivation au travail. Cela n’a pas vraiment de sens. C’est une vision du monde qui tente de s’imposer sur une autre.
Coté cols blancs, La lecture du plaisir dans leur carte du monde professionnel est sans doute plus facile. En effet, le paradigme « effort-mérite » y a doucement glissé vers celui de « dépassement-plaisir ». Ce déplacement, en lien avec le discours émergeant dans notre société de « vivre intensément », donne au plaisir une place plus grande dans le travail. Il devient un facteur de motivation qui implique consistance, intérêt et « fun » attendus dans son activité.
Le revers de cela est qu’il peut être aussi utilisé comme un argument dans le cadre de l’évolution professionnelle. A défaut de bénéficier d’une promotion ou d’une augmentation, la hiérarchie met en avant le plaisir de performer dans son job et d’atteindre des objectifs.
Qu’en sera-t-il demain du diptyque « travail-plaisir » ? Sera-t-il un « Must-have » quelle que soit la couleur du col ? Un dépassement du plaisir où il sera question de travailler quand bon nous semble et dans les conditions que nous voulons ?. Allons-nous bon train vers « l’entreplaisirship» ? ce territoire qui proposerait à chacun d’être entrepreneur de sa vie professionnelle, loin du salariat, détenteur de ses propres ressources, de sa liberté et du plaisir à mener sa vie là il le souhaite et comme il le souhaite.
Pour en savoir plus sur le plaisir au travail en Chine, lire l’article de Chloé Ascencio.